Tout s'accélère de nouveau, une vague, un emballement, mains dans les poches et tête rentrée dans les épaules, il se dirige droit sur elle, qui sourit, ôte son ciré et le lève à bout de bras en l'air, c'est un auvent, un parapluie, un ciel de lit, un panneau photovoltaïque capable de capter toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, et une fois qu'ils se font face, elle se hausse sur la pointe des pieds pour le recouvrir, et elle avec lui, les deux contenus dans l'odeur douceâtre de plastique, et leur visage rougeoie sous l'étoffe cirée, leurs cils sont bleu marine, leurs lèvres violettes; leur bouche profonde et leur langue d'une infinie curiosité, ils sont sous la bâche comme sous un abri où tout résonne, le grain qui force au-dehors formant le tableau sonore où se greffent souffles et chuintements de salive, ils sont sous la bâche comme sous la surface du monde, immergés dans un espace humide et moite où coassent les crapauds, où rampent les escargots, où gonfle un humus de magnolias, de feuilles brunies, de boules de tilleul et d'aiguilles de pin, où stagnent les billes de chewing-gum et les mégots de cigarettes imbibés de flotte, ils y sont.comme sous un vitrail qui recrée le jour terrestre, et le baiser dur.